Le champ d’étude est limitatif aux coopératives dont l’objet est l’accueil, l’accompagnement de travailleur.es autonomes. Ce choix est fait dans le but d’aborder la question des coopératives, non pas sous l’angle des statuts mais sous celui du rapport au travail.
La population concernée par ce travail de recherche-action-création est celle de travailleur.es s’attachant à créer leurs emplois dans un cadre d’économie sociale.
Pour regarder les conditions d’accompagnement proposées par les coopératives, nous pourrons être amenés à aller questionner également des membres d’équipes mutualisées.
Par ailleurs, les acteur.es e seront attentifs à conserver un cadre d’indépendance dans le cadre de ce travail : pour la bonne réalisation de cette démarche, l’implication des coopératives ou des acteurs institutionnels coopératifs ne peuvent influer sur le positionnement de la recherche et de son indépendance.
Entretiens exploratoires
Avant de lancer la démarche dans le milieu de manière large, nous avons commencé par une phase de test auprès d’un panel de répondant.e.s pour tester la méthode exploratoire. (voir l’appel à témoignages) Ces entretiens permettent d’explorer la thématique de manière large auprès de divers publics: entrepreneur.e.s, chargé.e.s d’accompagnement…
Cette première étape servira de base à la construction de la méthodologie suivante :
Un questionnaire comme base ressources
Un questionnaire à destination des travailleur.e.s autonomes, entrepreneur.e.s salarié.e.s à la fois :
• Base de données statistiques quantifiable pour l’analyse
• Ressources en verbatim de vécus, exploitable pour le contenu direct
Une enquête qualitative
Nous proposons des entretiens semi-directifs en face à face ou en visio pour se raconter : les projections du parcours entrepreneurial au démarrage, les écarts et confrontations avec le réel, les imaginaires vérifiés ou non de l’accompagnement coopératif, les types de rupture, les modalités, les raisons, en quoi elles ont été accompagnées… et bien sûr penser l’action, les remédiations individuelles et collectives.
Nous travaillons ici sur la force du témoignage et recherchons une approche sensible. Cette enquête qualitative n’est pas statistique, et forcément subjective. C’est par cette approche que nous travaillerons l’ouvrage sensible et pourrons à travers la force du témoignage inviter les lecteurs à l’identification, voire à l’émotion favorisant les réflexions collectives.
Un FACT avec 5 coopératives
(Fond pour l’Amélioration des conditions de travail)
Dans les pratiques, nous constatons une présence faible des seniors dans les populations de travailleur·euses autonomes. On peut présumer d’un enjeu fort pour les coopératives à accompagner et faciliter l’inscription dans la durée de cette population, tout comme dans les entreprises non coopératives, et ainsi conserver les seniors dans cette forme d’emploi. Nous souhaitons mettre en lumière à travers un FACT, l’axe particulier de la prévention de la désinsertion professionnelle des seniors dans les CAE.
Données économiques et sociales des coopératives
Les données économiques et sociales des coopératives peuvent nous renseigner sur des critères et indicateurs (occurrence d’interruption de l’activité, nombre d’arrêts maladies, leurs durées, l’effet sur la rémunération…) Leur extraction renseignerait potentiellement sur les situations rencontrées dans les coopératives. Ce préalable quantitatif s’inscrit dans un considération plus large: la mesure induit-elle les comportements. Cette étape est une possibilité qui s’activera en fonction du niveau d’implication et des capacités des coopératives à donner accès à ces bases de données.
Ateliers et temps collectifs
Les acteur·es impliqué·es au cœur de cette recherche ont tous un parcours en CAE, comme entrepreneur·e, membre d’équipe, ou les deux. Nous savons combien les postures, trajectoires, visions en CAE sont diverses : nous avons à cœur de construire nos analyses avec celles et ceux qui font les CAE aujourd’hui. Au-delà des entretiens individuels et questionnaires, et des représentant.es des coopératives du premier cercle qui sont des interlocuteur·es régulier·es de construction de la recherche, nous saisissons régulièrement les occasions de diffuser et de discuter nos résultats. Tous ces temps d’échanges, loin d’être un simple outil de diffusion, sont conçus comme des temps de partage et de coconstruction : ils alimentent et enrichissent nos analyses : plusieurs ateliers lors des Bigre rencontres 2021 et 2022, aux rencontres de la Fédération des CAE, sur invitation de coopératives lors de temps collectifs (séminaires, assemblées générales…).

La place de la création
Pour cette recherche-action, Thomas Tudoux intègre l’équipe, artiste qui, à travers une pratique individuelle d’atelier et des créations coopératives dans l’espace public et social, explore notre rapport au temps, à l’activité, à la performance et à la compétition tel qu’il se manifeste dans le monde du travail, le système éducatif, dans l’espace urbain, ou à travers des fictions.
Par le biais de la création, l’intention est d’ouvrir les champs de questionnement et d’animer la prospective. La pratique artistique joue ici un rôle de catalyseur pour imaginer et esquisser des solutions concrètes et un avenir désirable.
Dans un premier temps, nous souhaitons par le biais de provocations expérimentales, rendre possible un partage plus large des réflexions, avis et ressentis dans la volonté d’ouvrir les imaginaires politiques.
Dans un second temps, la place laissée à la création vise à une diffusion protéiforme au sein des CAE mais aussi à destination de publics variés pour ouvrir ces questionnements à une plus large partie de la population. Nous tentons par le truchement de l’art de modifier le rapport science et société, par le sensible nous voulons retisser les liens entre intimes et politiques.
Un comité de suivi
L’objet de la recherche-action-création n’est pas uniquement un travail analytique. Il s’agit de l’ancrer dans une pratique avec les acteur·trices. C’est la raison pour laquelle nous proposons le suivi de la démarche par un comité de suivi constitué d’acteur·trices coopératifs. Sa fonction est évidemment de permettre aux acteur·es chercheur·es un recul sur le processus de recherche et sur l’avancée des travaux, mais aussi d’avoir un rôle consultatif sur les propositions d’orientations. Enfin, travailler de manière régulière avec un collectif de ce type, vient nourrir et qualifier les hypothèses de départ.